Comment construire une allocation d’actifs ?

L’allocation d’actifs est l’un des principes fondamentaux de la gestion de portefeuille. Mais au fait, qu’appelle-t-on allocation d’actifs ? Comment différencier les actifs ? Comment construire une allocation d’actifs ? Découvrez toutes les bonnes questions que vous devez vous poser pour construire une allocation d’actifs.

Quel investisseur n’a pas entendu un jour ce proverbe : « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ! ». L’origine de ce proverbe est incertaine. Elle est parfois attribuée à Cervantès, mais on relève également qu’il s’agit d’une expression campagnarde et populaire qui aurait vu le jour en France bien avant le proverbe issu de Don Quichotte. Bien plus tard, Balzac met cette expression dans la bouche de l’un de ses personnages dans « Splendeurs et misères des courtisanes ». Peu importe l’origine, plusieurs siècles plus tard, le conseil est universel et toujours bon. Il s’applique à la gestion d’un patrimoine global, comme à celle d’un seul actif financier (portefeuille de titres, PEA, assurance vie, PERP, etc). La diversité est, en effet, l’une des clés pour protéger vos investissements.

Comment différencier les actifs ?

Pour mieux comprendre les mécanismes de la diversification, il faut tout d’abord distinguer la différence entre un actif financier et une classe d’actifs

Une classe d’actifs est composée d’actifs financiers dont les caractéristiques sont similaires et fortement corrélées entre elles. Par exemple, les actions françaises évoluant dans un même secteur (l’automobile, le luxe, la distribution…) ont des comportements souvent très proches voire similaires : Peugeot et Renault dans l’automobile, LVMH et Kéring dans le luxe par exemple.

Par contre, les évolutions des performances des différentes classes d’actifs entre elles ne sont pas liées. Quand les obligations d’Etat baissent, les actions peuvent monter et l’immobilier stagner.  On dit alors que la corrélation entre des classes d’actifs différentes est faible. On dénombre généralement 7 grandes catégories de classes d’actifs :
– le monétaire (ou les liquidités),
– les obligations,
– les actions,
– les matières premières,
– les devises,
– le non-coté,
– et l’immobilier.

Vous pouvez donc diversifier votre portefeuille en sélectionnant à la fois des classes d’actifs différentes, mais aussi des actifs financiers variés au sein de chaque classe d’actifs. Cette première étape constitue le point de départ de la gestion de portefeuille.

Qu’appelle-t-on « allocation d’actifs » ?

La stratégie de répartition des classes d’actifs ou d’actifs financiers au sein d’un portefeuille est appelée « l’allocation d’actifs ».  Sachant que, sur le long terme, 70 % de la performance d’un portefeuille provient avant tout de l’allocation d’actifs, cette première étape est donc absolument fondamentale. Face à la multitude d’options et de stratégies d’investissements possibles, l’investisseur se retrouve devant des questions assez complexes :
– Lequel de ces actifs produira le meilleur rendement ?
– Quelle répartition choisir ?
– Quel niveau de diversification suivre au sein de chaque classe d’actifs ?

La clé de répartition des actifs dans chacune des classes d’actifs reste donc une décision assez complexe et largement basée sur des éléments personnels et sur les objectifs patrimoniaux recherchés. Elle peut en effet varier en fonction de la durée de placement, de l’âge ou encore de la situation familiale. Privilégiez-vous le risque ou le rendement ? En d’autres termes, il s’agit de définir votre propre profil investisseur.

L’allocation d’actifs est l’art de choisir son risque. C’est la recherche d’une répartition optimale entre le risque et le rendement des investissements, compte tenu de l’environnement économique et financier anticipé.

La décision concernant l’allocation des actifs dépendra donc d’une combinaison entre le niveau anticipé du rendement pour chaque catégorie d’actifs avec le niveau attendu du risque associé à chaque catégorie d’actifs. Cette répartition du capital doit se faire de manière rationnelle.

L’allocation d’actifs prend aussi en compte l’horizon de temps, autrement dit la période de temps consacrée à l’attente des rendements. L’allocation d’actifs est l’un des principes fondamentaux de la gestion de portefeuille.

Quel est mon horizon d’investissement ?

L’aspect le plus important à intégrer à votre décision est l’échéance de votre investissement ou la durée d’un placement. La période de détention de vos actifs financiers est primordiale pour optimiser leur rendement. En effet, les différentes classes d’actifs affichent des caractéristiques différentes en matière de rendement et de risque mais ces caractéristiques changent en fonction de la durée d’investissement. Plus la durée de votre investissement est longue plus le risque devient relatif.

Quel niveau de risque suis-je prêt à prendre et pour quel rendement ?

Le rendement d’un actif financier est défini par la performance qu’il délivre pendant toute la période de détention. Le principe de base qui lie le risque et le rendement est simple : plus le rendement est élevé, plus les risques sont généralement importants. A l’heure où le rendement d’un livret A est de 0,75% net (mais en réalité compte tenu d’une inflation de 1,5 à 2% son rendement réel est négatif !), même un rendement de 3% sans risque de perte en capital n’existe pas.  La réalité est donc qu’il n’existe aucun placement miracle…  

Il existe une hiérarchie de rendement de chaque classe d’actif mais qui varie avec le temps. Si l’on peut dire qu’aujourd’hui que les placements monétaires représentent le rendement le plus faible et que les actions sont, elles au top des actifs risqués, il n’en a pas été toujours ainsi si l’on doit regarder dans le temps chaque classe d’actifs.

Encore faut-il se mettre d’accord sur la durée pendant laquelle on observe le rendement et son corollaire le risque…

L’immobilier a pu être très profitable pendant un cycle long de 7 à 10 ans mais a aussi connu des krachs violents avec des baisses supérieurs à 20 %.

Les obligations d’Etat ne se valent pas toutes et leur rendement est proportionnel au risque qu’elles représentent. Une obligation d’état allemande à 10 ans rapporte moins de 0,60 % /an alors qu’une obligation brésilienne de même maturité rapporte plus de 9 %.

Quand aux marchés actions, c’est la classe d’actifs la plus sensible à de multiples facteurs économiques ou géopolitiques.

Face à tous ces facteurs impactant les niveaux de risques, la diversification permet certes d’amortir et de lisser les à-coups sur le long terme. Mais elle doit impérativement se faire de manière dynamique en ajustant régulièrement son allocation sur les différentes classes d’actifs et supports d’investissements disponibles.

Il faut donc bâtir une allocation d’actif dite « stratégique » correspondant à vos objectifs patrimoniaux à long terme (durée/risque/rendement) et une allocation « tactique » permettant de profiter des accidents de marché et des exagérations que ce dernier ne manque pas de nous offrir.

Quelles sont les règles d’or pour construire une allocation d’actifs ?

  1. Savoir/pouvoir définir son horizon d’investissement
  2. Quel niveau de risque suis-je prêt à accepter pour un rendement espéré ?
  3. Privilégier les versements programmés afin de lisser les points d’entrée sur les marchés
  4. Diversifier ses classes d’actifs et ses actifs financiers : Non seulement choisir ses classes d’actifs et ses actifs en fonction du couple rendement /risque présenté, mais aussi le niveau de corrélation entre chaque classe et chaque actif.
  5. Analyser pour chaque actif sa volatilité, son risque de baisse maximal, son délai de recouvrement (i.e. le temps en jours qu’il faut pour retrouver son niveau d’origine) ainsi que d’autres facteurs liés à son cout et à sa sensibilité à sa classe.

Si l’allocation compte pour peut être 70 % du rendement d’un portefeuille, la conviction sur les marchés compte pour 20 % et la sélection de fonds pour 10 %. Ces pourcentages peuvent être variables d’un conseiller à l’autre, mais la hiérarchie est celle là.

Nous aborderons ultérieurement dans 2 autres articles, la conviction sur les marchés et la sélection de fonds. Il s’agit de notions complexes, ici simplifiées mais qui demandent du temps, de l’expérience, et des outils adaptés

Si vous n’avez pas une vision claire de la gestion financière de vos placements, le plus simple est de commencer par un bilan de patrimoine. Pour cela vous devez vous adresser à un conseiller en gestion de patrimoine. Il vous guidera dans votre démarche et vous aidera dans vos choix.

Olivier WALTERSPILER

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